De passage à Paris pour présenter sa biographie « Richard Stallman et la révolution du logiciel libre », publiée aux éditions Eyrolles, le fondateur du mouvement GNU a véritablement marqué l'histoire de l'informatique. Cette oeuvre a été écrite par le journaliste américain Sam Williams puis revue et augmentée par M. Stallman lui-même. Notons également la participation de Christophe Masutti et Alexis Kauffmann de l'équipe de Framasoft qui se sont chargés de la traduction française. Dans ce livre, l'auteur revient sur l'actualité internationale du Libre et la problématique de propriété intellectuelle. Clubic en a profité pour poser quelques questions au père du logiciel libre.
Si vous soulignez l'importance d'utiliser des logiciels libres, en revanche, dans certaines situations il n'existe pas forcément de solutions alternatives et les logiciels propriétaires se révèlent particulièrement puissants.
Richard Matthew Stallman : On parle de logiciel « privateurs » parce que ces derniers vous privent de votre liberté. Vous savez, c'est une question de choix. Vous avez le choix de conserver votre liberté et faire le travail de cette manière ou de travailler autrement. Cela dépend véritablement de vos valeurs. Si vous préférez la liberté alors vous travaillerez d'une certaine façon et ferez ce que vous pouvez avec un logiciel libre, sinon vous devez accepter d'être privé de votre liberté. A quel logiciel faisiez-vous référence ?
Disons Final Cut par exemple ?
RMS : Je ne connais pas ce logiciel et de toute façon je ne suis pas prêt à céder ma liberté. Encore une fois c'est une question de priorité personnelle.
L'une des libertés du projet GNU est celle d'étudier le code source d'un logiciel et de le modifier selon ses besoins. Mais pour un programmeur n'est-il pas plus louable d'écrire entièrement un logiciel plutôt que de s'inspirer d'un code existant ?
RMS : Non. Non car étendre les fonctionnalités d'un logiciel existant est très utile aussi.
Quelles sont les équivalents de la GPL dans des domaines autres que le logiciel ?
RMS : Une des licences de Creative Commons est une licence copyleft Share Alike. Il existe une licence avec et une sans copyleft.
Concernant la licence BSD, cette dernière est-elle dangereuse ?
RMS : La licence BSD donne aux utilisateurs des libertés mais elle autorise aussi les logiciels privateurs. Aujourd'hui c'est quand même ambigu. Il existe deux licences BSD. En soit, la licence BSD n'est pas injuste parce qu'elle n'enlève pas de liberté.
Aujourd'hui nous avons la combinaison du système GNU au noyau Linux. Qu'en est-t-il du kernel GNU ?
RMS : Il y a un noyau GNU mais il ne fonctionne pas très bien.
Est-il toujours en développement ?
RMS : Oui il est encore un peu en développement. Pour nous l'important c'est plutôt d'améliorer les programmes libres qui se positionnent face aux logiciels privateurs.
L'arrivée de Google sur le marché des systèmes d'exploitation, ca vous inspire quoi ?
RMS : Il y a trois choses. Il y a Chrome, Chrome OS et Chromium. Chrome est un logiciel privateur. Chromium, c'est open source et je crois que c'est plus ou moins libre mais pas complètement. L'important c'est que leur intention est de le distribuer de telle sorte que l'utilisateur ne peut pas installer de programmes. C'est un problème assez grave. Aussi, c'est un système qui a été mis au point pour diriger l'utilisateur vers des solutions hébergées.
C'est un problème selon vous ?
RMS : Oui les applications en ligne, c'est comme un programme privateur. L'utilisateur perd son informatique. On envoie les données au serveur mais on n'a pas le code source ni même l'exécutable.
D'ici cinq à dix ans que souhaiteriez-vous qu'il se passe sur la scène de l'informatique ?
RMS : Je voudrais bien sûr que les logiciels privateurs disparaissent ainsi que les applications hébergées. Je voudrais que le partage soit légalisé et que la surveillance, qui ne cesse d'augmenter, soit mise sous contrôle. Aussi je voudrais que la censure soit éradiquée. La censure est sans doute la pire chose qui existe.
A noter : cet entretien aurait dû être publié en format vidéo, cependant, sur demande de Richard Stallman ce dernier a été retranscrit. En effet, M. Stallman n'accepte la publication de vidéo qu'au format libre Ogg Theora.
Si vous soulignez l'importance d'utiliser des logiciels libres, en revanche, dans certaines situations il n'existe pas forcément de solutions alternatives et les logiciels propriétaires se révèlent particulièrement puissants.
Richard Matthew Stallman : On parle de logiciel « privateurs » parce que ces derniers vous privent de votre liberté. Vous savez, c'est une question de choix. Vous avez le choix de conserver votre liberté et faire le travail de cette manière ou de travailler autrement. Cela dépend véritablement de vos valeurs. Si vous préférez la liberté alors vous travaillerez d'une certaine façon et ferez ce que vous pouvez avec un logiciel libre, sinon vous devez accepter d'être privé de votre liberté. A quel logiciel faisiez-vous référence ?
Disons Final Cut par exemple ?
RMS : Je ne connais pas ce logiciel et de toute façon je ne suis pas prêt à céder ma liberté. Encore une fois c'est une question de priorité personnelle.
L'une des libertés du projet GNU est celle d'étudier le code source d'un logiciel et de le modifier selon ses besoins. Mais pour un programmeur n'est-il pas plus louable d'écrire entièrement un logiciel plutôt que de s'inspirer d'un code existant ?
RMS : Non. Non car étendre les fonctionnalités d'un logiciel existant est très utile aussi.
Quelles sont les équivalents de la GPL dans des domaines autres que le logiciel ?
RMS : Une des licences de Creative Commons est une licence copyleft Share Alike. Il existe une licence avec et une sans copyleft.
Concernant la licence BSD, cette dernière est-elle dangereuse ?
RMS : La licence BSD donne aux utilisateurs des libertés mais elle autorise aussi les logiciels privateurs. Aujourd'hui c'est quand même ambigu. Il existe deux licences BSD. En soit, la licence BSD n'est pas injuste parce qu'elle n'enlève pas de liberté.
Aujourd'hui nous avons la combinaison du système GNU au noyau Linux. Qu'en est-t-il du kernel GNU ?
RMS : Il y a un noyau GNU mais il ne fonctionne pas très bien.
Est-il toujours en développement ?
RMS : Oui il est encore un peu en développement. Pour nous l'important c'est plutôt d'améliorer les programmes libres qui se positionnent face aux logiciels privateurs.
L'arrivée de Google sur le marché des systèmes d'exploitation, ca vous inspire quoi ?
RMS : Il y a trois choses. Il y a Chrome, Chrome OS et Chromium. Chrome est un logiciel privateur. Chromium, c'est open source et je crois que c'est plus ou moins libre mais pas complètement. L'important c'est que leur intention est de le distribuer de telle sorte que l'utilisateur ne peut pas installer de programmes. C'est un problème assez grave. Aussi, c'est un système qui a été mis au point pour diriger l'utilisateur vers des solutions hébergées.
C'est un problème selon vous ?
RMS : Oui les applications en ligne, c'est comme un programme privateur. L'utilisateur perd son informatique. On envoie les données au serveur mais on n'a pas le code source ni même l'exécutable.
D'ici cinq à dix ans que souhaiteriez-vous qu'il se passe sur la scène de l'informatique ?
RMS : Je voudrais bien sûr que les logiciels privateurs disparaissent ainsi que les applications hébergées. Je voudrais que le partage soit légalisé et que la surveillance, qui ne cesse d'augmenter, soit mise sous contrôle. Aussi je voudrais que la censure soit éradiquée. La censure est sans doute la pire chose qui existe.
A noter : cet entretien aurait dû être publié en format vidéo, cependant, sur demande de Richard Stallman ce dernier a été retranscrit. En effet, M. Stallman n'accepte la publication de vidéo qu'au format libre Ogg Theora.
-
Auteur
-
Origine