Avec cet entretien, Clubic Pro inaugure une série de quatre interviews dédiées à l'investissement en 2010. Entrepreneur du web reconnu grâce à la réussite de PriceMinister, Pierre Kosciusko-Morizet a récemment annoncé le lancement d'un fonds regroupant 60 entrepreneurs, ISAI. Avec un positionnement particulier, une compétence sur tous les dossiers traitant du web, et une position déontologique annoncée, ISAI veut participer de l'émergence d'une Silicon Valley à la française.
Pierre Kosciusko-Morizet, bonjour. ISAI cherche à combler un "equity gap" dans le schéma de financement, en se positionnant assez en amont. Un positionnement risqué ?
Nous ne sommes pas au tout début d'une entreprise, au moment où elle cherche des fonds pour se lancer. ISAI souhaite attendre le moment où le business est frémissant, quand l'entreprise a besoin d'un financement pour que son activité explose. Beaucoup de fonds, même quand ils se disent capital-risqueurs, attendent qu'une entreprise soit rentable pour se lancer. Notre positionnement est plus risqué, mais nous estimons qu'il y aura un fort taux de réussite, grâce à une sélection rigoureuse des dossiers en fonction du modèle économique choisi, du potentiel du business, mais aussi de l'équipe en place. Notre travail n'est pas d'arriver, et de dire "vous avez un bon business, de bonnes idées, nous changeons l'équipe et nous investissons." Nous intégrons la composition de l'équipe comme critère de sélection du dossier, et nous accompagnons les gens en place.
Cette prise de risque est possible car nous avons 60 entrepreneurs derrière nous, tous spécialistes d'un domaine précis. Nous avons donc des compétences très variées, qui nous permettent d'être pointus sur tous les dossiers. L'idée, c'est que tout en prenant plus de risque, nous parvenions à de meilleurs résultats. C'est possible aujourd'hui, parce qu'il y a des entrepreneurs qui ont réussi grâce au web. Avant, il n'y en avait pas assez, et le seul recours était les grands fonds, qui ne font pas leur travail à cet instant de la vie de l'entreprise. Pendant la crise, les gens ont ouvert les yeux sur ces grands fonds. La déontologie doit être au coeur de notre démarche.
Cette idée de déontologie a été développée pendant votre conférence de presse de lancement. C'est un retour de l'humain dans l'investissement face aux grands fonds ?
Il y a de ça. Il faut bien voir que le moyen le plus simple de placer de l'argent, c'est de le mettre dans un fonds et de ne rien faire. C'est légitime, et nous avons certains investisseurs qui souhaitent investir de cette façon. Mais si on veut s'investir soi-même, être réellement actif, il faut avoir une vision qui va au-delà de la logique du pur investissement. En investissant des sommes plus faibles, en amont, par rapport aux grands fonds, la logique est beaucoup plus d'investir pour aider les entreprises. Les fonds avec des milliards d'euros à investir ne s'intéresseront pas à de petites entreprises. C'est une taille de deal qui a besoin d'investissements, et qui n'en a pas assez.
Il y a forcément une idée de l'humain, puisque nous avons la volonté de faire réussir d'autres là où nous-mêmes avons réussi. Nous voulons réinvestir, une façon de rendre un peu de ce qu'on a reçu. Après, il se pose l'option de devenir business angel. Ce comportement a des limites : le réinvestissement est plus difficile en général. On peut participer à un premier tour de table, et si l'entreprise a besoin de nouveaux fonds quelques temps après pour réinvestir ou faire décoller son business, on est coinçé. D'ailleurs, alors que le business angel pourrait favoriser ce côté humain, les relations avec les équipes des entreprises peuvent être plus difficile. Difficile de dire non quand on est business angel, donc on se retrouve avec 12 ou 15 entreprises dans lesquelles on a investi, et on n'a pas le temps d'aider comme on le voudrait. ISAI veut donner des réponses structurées, pérennes, carrées à ces entreprises qui sont dans le fossé entre le financement de départ des business angels, et le financement lourd des grands fonds d'investissement.
Votre stratégie d'investissement compte se limiter à la France, quand un Kima Ventures attaque le monde, ou Atomico vise le marché européen... La volonté de faire émerger la Silicon Valley française ?
Nous voulons clairement contribuer à l'émergence d'une Silicon Valley à la française, aux côtés de fonds de business angels, comme ceux de Xavier Niel ou de Marc Simoncini, certes différents, mais très importants également. Il y a en France trop d'entreprises qui se lancent, et pas assez d'argent. Nous avons trop de dossiers, rien que sur la France. Evidemment, si nous recevons un super dossier en dehors du pays, nous y regarderons de près. Et d'ailleurs, les entreprises que nous soutiendrons auront vocation à aller à l'étranger un jour. Mais je ne vois pas trop quelle valeur ajoutée je pourrais apporter sur un MVNO polonais... A part mon nom de famille.
Il y a déjà plusieurs entreprises que nous regardons de très près. Nous annoncerons un ou deux investissements avant l'été. On ne va pas pour autant aller chercher uniquement de entreprises hype, car beaucoup de réussites se sont faites dans le B to B. Des sociétés qui sont moins connues, mais qui correspondent à de vraies besoins, et pas forcément à une mode. C'est ainsi que pourra émerger une région d'innovation dans le secteur du web.
Pierre Kosciusko-Morizet, je vous remercie.
Pierre Kosciusko-Morizet, bonjour. ISAI cherche à combler un "equity gap" dans le schéma de financement, en se positionnant assez en amont. Un positionnement risqué ?
Nous ne sommes pas au tout début d'une entreprise, au moment où elle cherche des fonds pour se lancer. ISAI souhaite attendre le moment où le business est frémissant, quand l'entreprise a besoin d'un financement pour que son activité explose. Beaucoup de fonds, même quand ils se disent capital-risqueurs, attendent qu'une entreprise soit rentable pour se lancer. Notre positionnement est plus risqué, mais nous estimons qu'il y aura un fort taux de réussite, grâce à une sélection rigoureuse des dossiers en fonction du modèle économique choisi, du potentiel du business, mais aussi de l'équipe en place. Notre travail n'est pas d'arriver, et de dire "vous avez un bon business, de bonnes idées, nous changeons l'équipe et nous investissons." Nous intégrons la composition de l'équipe comme critère de sélection du dossier, et nous accompagnons les gens en place.
Cette prise de risque est possible car nous avons 60 entrepreneurs derrière nous, tous spécialistes d'un domaine précis. Nous avons donc des compétences très variées, qui nous permettent d'être pointus sur tous les dossiers. L'idée, c'est que tout en prenant plus de risque, nous parvenions à de meilleurs résultats. C'est possible aujourd'hui, parce qu'il y a des entrepreneurs qui ont réussi grâce au web. Avant, il n'y en avait pas assez, et le seul recours était les grands fonds, qui ne font pas leur travail à cet instant de la vie de l'entreprise. Pendant la crise, les gens ont ouvert les yeux sur ces grands fonds. La déontologie doit être au coeur de notre démarche.
Cette idée de déontologie a été développée pendant votre conférence de presse de lancement. C'est un retour de l'humain dans l'investissement face aux grands fonds ?
Il y a de ça. Il faut bien voir que le moyen le plus simple de placer de l'argent, c'est de le mettre dans un fonds et de ne rien faire. C'est légitime, et nous avons certains investisseurs qui souhaitent investir de cette façon. Mais si on veut s'investir soi-même, être réellement actif, il faut avoir une vision qui va au-delà de la logique du pur investissement. En investissant des sommes plus faibles, en amont, par rapport aux grands fonds, la logique est beaucoup plus d'investir pour aider les entreprises. Les fonds avec des milliards d'euros à investir ne s'intéresseront pas à de petites entreprises. C'est une taille de deal qui a besoin d'investissements, et qui n'en a pas assez.
Il y a forcément une idée de l'humain, puisque nous avons la volonté de faire réussir d'autres là où nous-mêmes avons réussi. Nous voulons réinvestir, une façon de rendre un peu de ce qu'on a reçu. Après, il se pose l'option de devenir business angel. Ce comportement a des limites : le réinvestissement est plus difficile en général. On peut participer à un premier tour de table, et si l'entreprise a besoin de nouveaux fonds quelques temps après pour réinvestir ou faire décoller son business, on est coinçé. D'ailleurs, alors que le business angel pourrait favoriser ce côté humain, les relations avec les équipes des entreprises peuvent être plus difficile. Difficile de dire non quand on est business angel, donc on se retrouve avec 12 ou 15 entreprises dans lesquelles on a investi, et on n'a pas le temps d'aider comme on le voudrait. ISAI veut donner des réponses structurées, pérennes, carrées à ces entreprises qui sont dans le fossé entre le financement de départ des business angels, et le financement lourd des grands fonds d'investissement.
Votre stratégie d'investissement compte se limiter à la France, quand un Kima Ventures attaque le monde, ou Atomico vise le marché européen... La volonté de faire émerger la Silicon Valley française ?
Nous voulons clairement contribuer à l'émergence d'une Silicon Valley à la française, aux côtés de fonds de business angels, comme ceux de Xavier Niel ou de Marc Simoncini, certes différents, mais très importants également. Il y a en France trop d'entreprises qui se lancent, et pas assez d'argent. Nous avons trop de dossiers, rien que sur la France. Evidemment, si nous recevons un super dossier en dehors du pays, nous y regarderons de près. Et d'ailleurs, les entreprises que nous soutiendrons auront vocation à aller à l'étranger un jour. Mais je ne vois pas trop quelle valeur ajoutée je pourrais apporter sur un MVNO polonais... A part mon nom de famille.
Il y a déjà plusieurs entreprises que nous regardons de très près. Nous annoncerons un ou deux investissements avant l'été. On ne va pas pour autant aller chercher uniquement de entreprises hype, car beaucoup de réussites se sont faites dans le B to B. Des sociétés qui sont moins connues, mais qui correspondent à de vraies besoins, et pas forcément à une mode. C'est ainsi que pourra émerger une région d'innovation dans le secteur du web.
Pierre Kosciusko-Morizet, je vous remercie.
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