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Amazon a été condamné vendredi par le tribunal de grande instance de Paris à verser 34 000 euros à l'UFC-Que Choisir. Le géant américain de la vente en ligne a été reconnu coupable d'avoir fait figurer des clauses abusives dans ses conditions générales de vente.

L'association de défense des consommateurs avait attaqué la division européenne du cyber marchand en 2006 après avoir décelé une trentaine de clauses qu'elle estimait abusives. L'UFC incrimine notamment une clause "qui permet au professionnel de partager les données avec d'autres sociétés", une autre qui "autorise toutes les offres commerciales d'entreprises affiliées" ou encore celle qui "autorise la professionnel à résilier de manière discrétionnaire l'inscription au forum".

La justice a retenu 18 des 30 clauses attaquées, a ordonné leur suppression dans un délai d'un mois et a condamné deux des filiales européennes d'Amazon à verser à l'UFC 30 000 euros (symboliques ?) de dommages et intérêts et 4 000 euros au titre des frais de justice.
Dans la course aux nouvelles fonctionnalités à laquelle se livrent les ténors du genre, YouTube propose depuis peu une fonction de traduction automatique des sous-titres.

Le géant du partage de vidéo ajoutait en août dernier la possibilité de sous-titrer ses vidéos. Alors que certains ajoutaient des sous-titres à leurs vidéos en dur au moment de l'encodage, il suffit désormais d'associer à une vidéo un fichier texte dans un des formats supportés. Le cas échéant, il est ainsi possible de désactiver l'affichage de ces derniers ou de choisir parmi plusieurs langues différentes.

L'utilisation d'un fichier texte plutôt qu'une incrustation dans l'image permet surtout à une machine de traiter son contenu. Il était alors naturel d'associer la fonction de traduction de la maison mère Google, permettant une traduction à la volée des sous-titres, souvent approximative mais généralement suffisante pour la compréhension.

Quelques jours après l'arrivée des sous-titres sur YouTube, Dailymotion répondait en intégrant un éditeur de sous-titre en ligne. Prochaine étape, la reconnaissance vocale et la traduction à la volée ?
Validé par le Sénat, soutenu par les grands noms de l'industrie culturelle et tacitement accepté par les opérateurs suite à la signature des accords de l'Elysée, le projet de loi « Création et Internet » a franchi sans encombre la première étape de son parcours, qui le conduira ensuite devant l'Assemblée nationale pour une unique lecture, début 2009. Christine Albanel, ministre de la Culture, s'est félicitée vendredi à l'occasion d'un point presse organisé dans les salons de la rue de Valois du soutien exprimé par la chambre haute du Parlement.

« Le projet de loi rencontre une profonde adhésion, et les sénateurs ont bien pris conscience de la situation actuelle. Certains croyaient que seules les grandes majors étaient concernées, on se rend bien compte maintenant que ça touche aussi les PME ou les indépendants de la musique ou du cinéma », a déclaré Christine Albanel vendredi, en rappelant que tous avaient voté en faveur du projet de loi, à l'exception du groupe communiste qui s'est abstenu. Le projet de loi conservera maintenant la forme qui lui a été donnée par le Sénat jusqu'à son passage devant l'Assemblée, qui devrait intervenir dès janvier ou février 2009.

Suspension d'abonnement à Internet mais messagerie conservée ?

La ministre s'est notamment félicitée que l'amendement qui suggérait que la riposte graduée soit conclue par une sanction de type amende plutôt que par une suspension d'abonnement à Internet ait été rejeté. « J'étais réservée sur l'idée de l'amende », a-t-elle commenté, « qui fait nous aurait fait entrer dans une démarche répressive, créant des inégalités ou des injustices ».

Le processus initial est donc maintenu. Le titulaire d'une ligne Internet sur laquelle un téléchargement illégal est détecté devrait donc recevoir un courrier électronique d'avertissement, suivi d'une lettre recommandée en cas de récidive. A la troisième incartade, l'Hadopi prononcera la suspension de l'abonnement à Internet, pour une durée variable, et proposera à l'abonné une « transaction » à l'occasion de laquelle ce dernier pourra s'engager par écrit à ne plus télécharger en échange d'une réduction de peine.

Privation d'Internet ne doit pas signifier fin du téléphone et de la télévision par ADSL, a par ailleurs réaffirmé la ministre qui, pour le « nombre résiduel de zones » où la séparation n'est pas possible, indique que l'Hadopi devrait être habilitée à formuler une injonction d'utiliser un logiciel de type pare-feu.

Un amendement, inscrit par le sénat, introduit toutefois une nouvelle dimension au dispositif : le texte prévoit désormais que durant la période de suspension, le titulaire de la ligne puisse tout de même accéder à une messagerie électronique ! « On maintiendra la messagerie, mais uniquement quand la technique le permettra », a expliqué Christine Albanel. La mesure a été approuvée, mais reste donc subordonnée à la faisabilité technique d'un tel blocage, d'autant qu'il faudrait encore s'assurer que la messagerie ne puisse pas être utilisée pour échanger des fichiers illégalement sans compromettre le secret de la correspondance. Une vraie gageure ?

Accusé à tort, quels sont les recours ?

Lors des étapes courrier électronique (celle-ci étant compromises si l'on utilise pas l'adresse fournie par son FAI) et lettre recommandée, l'internaute n'a pas subi de sanction : il n'y a donc pas de recours possible, au sens juridique du terme, mais l'on promet rue de Valois qu'il lui sera possible d'entrer en contact avec l'Autorité, ce qui permettra de « nouer un dialogue » et de faire comprendre aux abonnés ce qui a pu leur arriver. Lorsqu'une suspension aura été prononcée, celui qui estime avoir été sanctionné à tort devra alors se tourner vers la justice pour un recours dans les formes.

« On ne sera pas sanctionné pour contrefaçon, comme c'était le cas jusqu'ici », a fait remarquer Olivier Henrard, membre du cabinet de Christine Albanel, « mais on pourra l'être si on n'a pas rempli ses obligations en matière de surveillance de sa ligne Internet ». Si mon voisin utilise ma connexion WiFi et se livre à des actes illégaux, la loi prévoit que ma responsabilité soit engagée, et il en ira de même auprès de la Haute autorité. Impossible donc de prétexter un piratage quelconque pour se voir exonéré de toute responsabilité.

Dès lors, comment prouver sa bonne foi ? Le gouvernement préconise l'utilisation d'un logiciel de « sécurisation de la ligne Internet » qui, à la façon de certains logiciels de sécurité (antivirus ou pare-feu), enverrait à intervalle régulier un signal attestant de son activité. En revanche, personne ne semble vraiment savoir si un tel logiciel devrait être activé au niveau du modem routeur ou de chacune des machines du réseau, ni même s'il existe déjà une solution viable.

Objectifs maintenus

Christine Albanel l'a redit, l'objectif n'est pas d'enrayer définitivement le piratage, et rue de Valois, on semble conscient du fait que les irréductibles trouveront un moyen de contourner le dispositif prévu par le texte. On ambitionne toutefois toujours de réduire de façon significative - 60, voire 70% - le téléchargement, tout en sensibilisant les internautes à la question et en les incitant à se tourner vers l'offre légale. L'Hadopi aura quant à elle pour mission d'arriver rapidement à un volume de 10.000 courriers électroniques par jour, un volume qui parait colossal mais dont le traitement n'aurait rien d'insurmontable puisque « tout se fera de façon électronique ». Il faudra un système parfaitement huilé et campé sur de bonnes bases, pour que les prises de contact et demandes de recours ne se multiplient pas. Celles-ci seront en effet bien physiques.
Le succès de Facebook crée des émules. Emboîtant le pas à l'allemand StudiVZ, voici un clone d'un tout autre genre. Celui-ci porte le nom évocateur de Sexebook, est tout rose (comme... un bonbon) et se veut libertin. Internautes de moins de 18 ans, passez votre chemin, ce réseau social s'adresse aux galopins qui pokent le premier soir !

Bien moins abouti que Facebook, ce réseau social exclusivement francophone permet néanmoins lui aussi de créer un profil, de se faire des ami(e)s selon différents critères plus ou moins coquins, de créer et de consulter galeries photo, groupes et articles et de s'échanger des messages en privé ou en public.

Quoi qu'il en soit, la prudence est de mise. D'une part, sortez couverts, d'autre part et bien qu'on puisse l'expliquer par le fait qu'il est encore en Bêta, le site n'est pas très loquace sur les conditions d'utilisation ou sur les notions de confidentialité. Notons enfin qu'il est complètement gratuit et ne présente aucun bandeau publicitaire, ce qui continue d'éveiller les soupçons.

En attendant la réaction probablement peu favorable de Facebook, ceux qui veulent rencontrer leur alter-geek(ette) ou tout simplement échanger sur divers sujets plus ou moins cochons peuvent se rendre sur cette adresse.
Depuis que Microsoft a dévoilé Silverlight en mars 2007 pour empiéter sur le marché de l'animation en ligne détenu par Adobe Flash, les discussions vont bon train chez les développeurs au sujet de la puissance des deux technologies. Clubic s'est intéressé au sujet et, en contactant simplement les deux éditeurs et deux agences de développement web françaises, a tenté de mettre en perspective les différentes approches, sans prétendre à l'exhaustivité quant aux mérites comparés de ces deux technologies. Quels arguments utilisent les partisans de l'une ou l'autre ? De quelle manière l'arrivée de Silverlight a-t-elle été perçue par certains Flashers ?

Lancé en 1996 par Macromedia, Flash est aujourd'hui la solution la plus répandue pour diffuser du contenu multimédia sur un site Internet. Cet environnement de développement, basé sur le langage ActionScript, est largement lié au logiciel d'édition d'Adobe Flash Professionnel CS. De son côté, l'internaute visualise le contenu publié au travers du lecteur Flash Player. Le 16 octobre dernier, Adobe a lancé la 10e version du lecteur, lequel permet d'animer un objet en 2D dans environnement tridimensionnelle, d'appliquer des filtres en temps réel ou d'obtenir une meilleure prise en charge des caractères textuels. En parallèle, Adobe développe et propose une série d'outils autour de Flex,un environnement d'exécution basé sur l'emploi de composants XML, du langage ActionScript et d'interfaces en Flash.Non content de dominer le marché des systèmes d'exploitation et des navigateurs, Microsoft a développé sa propre solution pour concurrencer Adobe et tirer parti des dernières technologies web. Silverlight est une plateforme basée sur .NET Framework permettant de véhiculer le même type de contenu que Flash ainsi que de développer des applications Internet riches. Avec la version 2.0 de Silverlight, sortie le 14 octobre 2008, Microsoft convoite le marché des diffuseurs professionnels avec notamment une infrastructure DRM basée sur la technologie PlayReady.

Popularité et part de marché

Selon une étude menée par Adobe et publiée en juin 2008, Flash Player atteindrait une part de marché d'environ 99,1% aux États-Unis et 98,5% en Europe. Une couverture très large, favorisée par le caractère multi-plateforme de Flash, qui suscite évidemment l'intérêt des professionnels. Parmi ces développeurs spécialisés, Érik Guittière est DFO (Developer Front Office) Flash au sein de l'agence FullSIX . Ce dernier insiste sur le fait que Flash domine de loin le marché : "on peut supposer que le lecteur Silverlight aura un taux de pénétration suffisant vers 2010/2012 mais d'ici là, cela me semble insensé de développer un contenu en Silverlight si on souhaite toucher une large cible.". Pour M Guittière, les choses sont claires : "selon moi, Silverlight versus Flash, c'est le néolithique versus l'ère moderne !".

De son côté, le 13 octobre dernier, à la sortie de Silverlight 2.0, Microsoft avait annoncé que le lecteur aurait atteint un taux de pénétration de 50% dans certains pays. Plus globalement, Thomas Lucchini, chef de produit Plateforme chez Microsoft France nous confie que d'une manière générale, environ 1 poste sur 4 serait pourvu du plugin.

Usage et développement

La prise en main des outils de création est aussi sujette à de nombreux débats. En effet, si les designers ont pris leurs repères avec Adobe Flash Professionnel CS, les développeurs logiciel seront quant à eux plus à l'aise au sein de l'environnement Visual Studio.

Thomas Lucchini explique qu'avec la suite Expression, et plus particulièrement le logiciel Blend, la société met à disposition des outils de développement web classiques. "Il est possible d'avoir deux interfaces pour un même projet sur lequel collaborent le graphiste et le développeur […] Cela permet de sortir un projet plus rapidement.".

Toufik Lerari, directeur de l'agence Tequila Rapido, qui a notamment pris en charge le développement de la plateforme vidéo de France Télévision sur Silverlight, avoue avoir été perplexe lorsque Microsoft leur a présenté sa technologie. Depuis dix ans, la société commercialisait des sites développés en Flash. Puis, il explique qu'au final le travail de collaboration au sein de Tequila Rapido a bel et bien été bousculé avec Silverlight. Alors que "Flash est monoposte ", les développeurs de Silverlight travaillent de manière effective en parallèle sur un même projet. " C'est un vrai gain de production".

Ingénieur système chez Adobe France, Thibault Imbert souligne que même s'il ne s'agit que d'une poignée d'utilisateurs, les produits de la suite Expression ne sont pas compatibles avec le système d'exploitation Mac OS X avant d'ajouter que "Flash propose des outils mieux adaptés aux designers souhaitant créer des sites Internet attractifs". Cet argument est d'ailleurs repris par Érik Guittière qui affirme que si le point fort de Silverlight est la prise en charge de plusieurs langages de programmation, il en devient alors "un outil rébarbatif pour les designers [...] et s'adresse en premier lieu aux développeurs "purs" qui l'aborderont comme une curiosité sympathique".

Puissance de développement

Chez Microsoft on explique que la première motivation avec Silverlight réside véritablement dans volonté de porter la puissance de .Net au sein du navigateur. Ainsi contrairement à Flash qui n'utilise qu'un seul langage particulier, Silverlight permet d'interpréter du contenu développé aussi bien en C# qu'en Visual Basic ou en Ruby, et ce, même au sein du logiciel d'édition gratuit Visual Web Developer Express Edition.

Chez Tequila Rapido, c'est véritablement la souplesse de manipulation de l'objet vidéo qui semble avoir conquis les développeurs. "nous avons mis seulement trois semaines ou un mois pour le développement de la plateforme dédiée à la retranscription des J.O sur France Télévision " déclare M. Lerari.Face à cet argument, Thibault Imbert estime que l'un des points forts de Flash face à Silverlight est surtout la prise en charge des échanges avec le serveur. "Le protocole d'échange AMF est optimisé et compressé alors que Silverlight utilise une communication standard en XML ou HttpRequest" explique-t-il. Par ailleurs, selon lui, si beaucoup de développeurs se rendent compte des outils prometteurs au sein de Silverlight, ils sont aussi très nombreux à être déçus par les fonctionnalités d'intégration web qui seraient moins poussées que sur Flash. La montée en puissance de Flex, environnement d'exécution complet, permet en outre à Adobe de répondre aux besoins des développeurs "purs et durs".

Au final, dans ce débat de fond, tous s'accordent à penser que Silverlight est en phase d'adoption. Pour certains il s'agit d'un handicap en terme d'audience, pour d'autres, d'une belle promesse d'avenir. Tous, Adobe y compris, reconnaissent que l'arrivée de Microsoft sur ce marché stimule la concurrence tout en joignant deux mondes: les designers et les développeurs.
Google héberge plus de 10 millions de sites internet ! C'est ce que révèle une étude de la société Netcraft, spécialiste d'internet et de la sécurité. Elle publie régulièrement les parts de marché des logiciels et des systèmes d'exploitation employés pour l'hébergement de sites web. Pour Netcraft, chaque nom de domaine ou sous-domaine est un site web.

Au mois d'octobre 2008, 182 millions de sites ont répondu aux robots de l'analyste, soit près d'un million de plus que le mois précédent. Parmi eux, un peu moins de 74 millions seraient actifs. Dans l'ensemble, Apache reste leader de l'hébergement avec 50,43% de parts de marché et 91,9 millions de sites hébergés. L'éternel challenger Microsoft le suit à distance avec les 34,44% de parts de marché d'Internet Information Services (IIS), soit 62,8 millions de sites.

Nouveau venu dans le classement, Google, qui a développé ses propres serveurs d'hébergement. Le logiciel maison du géant de l'Internet enregistre une progression fulgurante depuis son entrée au classement en juillet 2007. Avec 10,5 millions de sites hébergés, dont 7,6 millions dits actifs, Google représente 10,62% des sites actifs. Google semble disposer de plusieurs serveurs différents : l'un héberge les blogs du service Blogger et les documents partagés via Google Docs, un autre héberge ceux du service Google Groups, un autre encore les applications web du géant, un dernier héberge le moteur de recherche à proprement parler.

Reste à s'interroger sur le bien fondé d'une telle centralisation de l'information et des connaissances.
Trois ans après le douloureux vote de la loi DADVSI, dont tous s'accordent aujourd'hui à dire qu'elle n'a en rien permis d'endiguer le téléchargement illégal, le ministère de la Culture annonce le lancement d'un site Internet baptisé jaimelesartistes.fr, sur lequel les internautes sont invités à venir prendre connaissance du projet de loi "Création et Internet" et de la façon dont fonctionnera le dispositif de riposte graduée, avant même que ce dernier n'ait été voté.

Difficile de ne pas se remémorer l'initiative "lestelechargements.com". Début 2006, le ministère de la Culture, alors emmené par Renaud Donnedieu de Vabres, commande à l'agence Publicis la réalisation d'un site Internet, censé permettre aux artistes et aux internautes de débattre ensemble de la question des droits d'auteur. Rapidement, les débats tournent à la foire d'empoigne, contraignant les administrateurs du site à fermer les commentaires ou à en déplacer certains sans prévenir. Cerise sur le gâteau : alors que le site utilise Dotclear, une plateforme open source et gratuite, on apprend que la facture se serait élevée à 180.000 euros, pris sur les deniers publics. Quelques semaines après son ouverture, le site vit ses derniers soubresauts, et ne tarde pas à fermer. Aujourd'hui, le nom de domaine associé est proposé à la vente...

Chat échaudé craint l'eau froide

"La campagne "J'aime les artistes" a pour but d'expliquer aux jeunes internautes en quoi la mise en place d'une "réponse graduée" au piratage, essentiellement préventive et pédagogique, permettra de préserver et de développer l'offre de musique, de films, de programmes audiovisuels et de jeux vidéos, en ligne aussi bien que dans les magasins, tout en respectant les droits et libertés de chacun - c'est-à-dire des abonnés à Internet aussi bien que des artistes et des entreprises" explique le ministère de la Culture.

Près de trois ans après l'échec du site lestelechargements, impensable pour le ministère de la Culture de commettre à nouveau les mêmes erreurs. Exit donc la prestigieuse - et fort coûteuse - Publicis : la réalisation du site jaimelesartistes a été confiée à l'agence JMS l'Inconscient Collectif, moins médiatique, et spécialiste de la cible 15-25 ans. Du côté des commentaires, la donne a été simplifiée, puisque le site n'autorise pas la discussion : on pourra y visionner des vidéos explicatives, dans lesquelles Christine Albanel et ses adjoints expliquent les bienfaits du projet de loi "Création et Internet", et consulter des fiches pratiques, sous forme de foire aux questions, censées répondre aux questions que se posent les internautes. Là s'arrête l'interactivité, du moins pour l'instant.

En parcourant le site, on découvre quelques pages de faux texte (le fameux lorem ipsum) ainsi que la mention de "partenaires" dans le code source des pages, au nombre desquels on trouve des sociétés d'auteur, mais aussi des chaînes de télévision ou des opérateurs. Nature du « partenariat » ?

Ca va couper : la réponse poil à gratter ?

Hasard du calendrier ? Alors que rue de Valois, on donne le coup d'envoi du site Jaimelesartistes, l'association de consommateurs UFC Que Choisir ouvre ca-va-couper.fr, présenté comme "une parodie du projet de loi Création et Internet, de l'Hadopi et de la Riposte graduée". Le message de bienvenue ne laisse planer aucun doute sur la dimension satirique du site : "Salut c'est Dédé. Dédé, de Ca-va-couper.fr ! J'ai l'immense plaisir de t'annoncer qu'il y a 72 heures, tu t'es fait flasher à 9072 kbit/s en train de télécharger, illégalement, de la musique sur Internet. Du coup, j'ai la joie et l'honneur de procéder à la coupure de ta connexion Internet. Quoi ? T'es pas content ?".

En quatre vidéos, Dédé, acariâtre agent des forces de l'ordre, témoigne d'une furieuse envie de « couper" la ligne des internautes qui téléchargent, avant de retourner sa veste pour prendre la défense du consommateur et promouvoir les activités de l'UFC Que Choisir. Là non plus, on ne commente pas, mais le site ca-va-couper prodigue fonds d'écran, logos et autres bannières, sans oublier le prévisible "piège tes amis", tous destinés à favoriser la propagation virale du message de l'association de consommateur. La cible semble toute trouvée : là encore, on souhaite parler aux 15 - 25 ans, à cette génération qui, élevée à La Cité de la Peur, saura qu'on ne dit pas "ça va trancher, chérie" mais bel et bien "ça va couper". Plus sérieusement, le site renvoie ensuite vers les différents dossiers et communiqués réalisés par l'association sur le sujet du téléchargement illégal et de la riposte graduée.

Du consensuel ou du démagogue, lequel des deux sites rencontrera le plus de succès ?
En Ecosse, Gill et Ken Murdoch, respectivement âgés de 54 et 66 ans, ont envoyé une lettre au magazine Which? dans laquelle ils expliquent que la société Atari les accusait d'avoir partagé illégalement le jeu Race07. L'éditeur du logiciel a fait appel au cabinet d'avocats Davenport Lyons afin de poursuivre le couple en justice. C'est la firme de lutte anti-piratage Logistep, spécialisée dans l'analyse des adresses IP, qui fut chargée de vérifier la culpabilité du couple. Après vérification, M. et Mme Murdoch ont reçu une lettre leur demandant de payer la somme de 500 livres sterling sous peine de devoir régler l'affaire devant un juge.L'affaire aurait pu en rester là si le couple n'avait pas déclaré : "nous n'avons pas et n'avons jamais eu de jeu vidéo ni de logiciel de partage. Nous ne savions même pas ce que signifiait 'peer-to-peer' avant de recevoir cette lettre". M. Coyle, conseiller juridique auprès de la firme Lawdit, affirme à la BBC qu'il a été sollicité sur 70 cas pour lesquels des gens avaient été accusés à tort. M. Coyle explique alors : "parmi ces derniers, il y a des retraités qui ne savent même pas ce qu'est un jeu, nul besoin de s'arrêter sur le logiciel de partage...". Si ce n'est pas le cas pour ce couple écossais, dans certaines affaires, ces erreurs s'expliquent par un réseau WiFi piraté et les plaignants affirment que les internautes sont légalement obligés de sécuriser leur connexion. Face à cet argument, Coyle répond : "bien qu'il s'agisse d'une question de bon sens, il n'y a aucun article dans la Copyright Act qui vous oblige à sécuriser votre réseau ".

En France, dans le cadre du projet loi et Création et Internet, la question se pose de savoir comment utiliser les adresses IP afin de déterminer la culpabilité ou l'innocence d'un internaute accusé d'actes de piraterie. Dans cette optique, la Commission des affaires économiques, présidée par le sénateur Bruno Retailleau, avait proposé une série d'amendements visant à renforcer la mise en oeuvre du projet de riposte graduée. Dans ce rapport M. Rétailleau explique que l'analyse des adresses IP doit être effectuée de manière très consciencieuse :

"En effet, afin d'éviter la sanction d'internautes innocents, l'HADOPI ne doit pas se contenter de présomptions de piratage : certains des outils utilisés par les sociétés mandatées par les ayant-droits pour effectuer des relevés se limitent à interroger les serveurs qui fournissent la liste des dernières adresses IP ayant partagé tel fichier piraté. Or des pirates peuvent glisser dans ces listes des adresses IP prises au hasard et détourner ainsi la sanction vers des internautes innocents; afin d'éviter ces "faux positifs", l'HADOPI doit vérifier systématiquement les faits en interrogeant chacune des adresses IP pour initier un téléchargement et constater ainsi que le suspect partage effectivement l'oeuvre pour laquelle son adresse a été prélevée. "

Selon M. Coyle, "les adresses IP ne révèlent rien. Le voile est réellement levé sur l'acte de piraterie après analyse du disque dur ". En France, pour renforcer le degré de certitude, la Commission des Affaires culturelles explique dans un rapport qu'une des solutions viserait à établir un système similaire à celui des logiciels de sécurité, c'est-à-dire en créant un dialogue à distance automatique et régulier entre le logiciel et le serveur de l'éditeur.
Près de six mois après la sortie de l'offre "Pass Music Live" permettant pour 12 euros par mois et sans engagement de télécharger de façon permanente et illimitée des musiques depuis un mobile ou un PC parmi un catalogue de 500 000 titres, SFR lance aujourd'hui une nouvelle offre nommée "Non Stop Musique illimitée".

Celle-ci possède la particularité d'être totalement dépourvue de mesures techniques de protection (DRM), permettant de les utiliser sur une grande partie des mobiles du marché et également sur des baladeurs numériques traditionnels. Détail intéressant, ce seront des fichiers numériques interopérables qui seront proposés pour une meilleure compatibilité avec les mobiles du marché. Car contrairement à l'offre "Pass Music Live", cette nouvelle offre n'est accessible que sur les mobiles et non sur les PC.

Trois genres musicaux seront premièrement disponibles en illimité : Pop Rock, Rap & R'N'B et Clubbing Electro, le tout via un catalogue de "plusieurs milliers de titres", se contente de rappeler SFR dans un communiqué de presse. Proposée en série limitée, cette offre est disponible au prix de 17,90 euros par mois pendant les deux premiers mois d'abonnement. Son prix passera ensuite à 22,90 euros.

Au premier trimestre 2008, SFR possédait 50,8% de parts de marché sur les ventes de singles et d'albums en volume et 46,5% en valeur. Avec plus de 100 000 clients inscrits à l'une de ses offres "SFR Music", le groupe se hissait même selon GFK (avril 2008) à la seconde place du marché français de la musique numérique, qu'il s'agisse d'achats de titres effectués sur le web ou sur les mobiles.
Actuellement en cours de discussion au Sénat, le projet de loi "création et Internet" prévoit que les contrefacteurs professionnels ou assimilés restent passibles d'une condamnation au pénal, susceptible de leur valoir un maximum théorique de 300.000 euros d'amende et trois ans de prison. Il en va de même aux Etats-Unis, où un homme, Michael Logan, vient d'être condamné à 21 mois de prison pour avoir enregistré au moyen d'une caméra deux films, 28 semaines plus tard et Il était une fois, lors de leur diffusion dans un cinéma de Washington, dans le but de commercialiser les copies effectuées.

"Plus de 90% des films qui finissent sur Internet ou dans les marchés de rue qu'on trouve partout dans le monde viennent d'une simple copie illégalement filmée dans un cinéma", a tenu à rappeler à cette occasion John Malcolm, en charge de la lutte contre le piratage au sein de la MPAA (Motion Picture Association of America). Selon la MPAA, Michael Logan aurait pu réaliser une centaine d'enregistrements illégaux de films en salle entre janvier 2006 et janvier 2008.
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